Gérer l’absentéisme – un enjeu et un défi pour les PME

Comprendre l’absentéisme :

De façon générale, les absences peuvent être divisées en deux grandes catégories : planifiées (vacances, congés, journées fériées) sont assez prévisibles et dont leur coût est relativement prévisible et stable, étant prévu dans les frais d’exploitation de l’entreprise. La deuxième catégorie, les absences découlant d’une maladie ou obligations personnelles a un caractère plus volatile et plus imprévisible, l’exposition au risque étant ainsi plus importante.

Dans l’étude de l’absentéisme, trois facteurs importants doivent être considérés : le taux d’incidence1 (la fréquence), le nombre de jours perdus par employé2 et le taux d’inactivité3.

Définir les coûts engendrés par les absences :

Les coûts directs : sont reflétés par une diminution de la productivité, des coûts reliés au remplacement de la main d’œuvre et évidemment des coûts associés aux soins médicaux et au remplacement des revenus.

Les coûts indirects : représentés notamment par l’accumulation du stress au travail et par une baisse de la motivation des travailleurs. L’étude des causes de l’absentéisme prolongé est un exercice extrêmement complexe et multidisciplinaire. De multiples facteurs sont à la base de ce phénomène : facteurs d’ordre démographique, économique, psychologique, l’état de santé, le vieillissement, le stress, l’attitude envers son travail, la satisfaction au travail etc.

Les facteurs déterminants dans la dynamique de l’absentéisme sont l’âge, l’état de santé, le stress et la présence d’un régime d’assurance privé ou d’un syndicat.

  • Statistiquement, il existe une corrélation assez importante entre le taux d’absentéisme et l’incidence des demandes d’invalidité de longue durée
  • Depuis 1993, la durée des absences prolongées dues aux problèmes de maladie et d’incapacité est relativement stable et varie autour de 10 à 11 semaines4.

Dans cette analyse nous allons nous référer plutôt aux absences occasionnées par des maladies ou accidents sans insister sur les absences occasionnelles.

Les entreprises d’aujourd’hui doivent composer avec plusieurs problématiques liées à la gestion de leurs ressources humaines dont l’absentéisme et le présentéisme, le roulement du personnel, la mobilité des employés, le vieillissement de la population, etc.

Selon plusieurs enquêtes, les organisations n’accordent suffisamment d’attention à la prévention et à la gestion des absences. Ce phénomène mérite notre attention pour au moins quelques raisons fondamentales : le bien-être et la santé des effectifs, la productivité et les coûts de plus en plus considérables associés aux absences. Voici pourquoi nous croyons que la compréhension de la dynamique de l’absentéisme est essentielle à la gestion des absences.

Faits saillants 2011:

Dans les années 2000 à 2006 nous assistons à une croissance des taux d’incidence des absences et jusqu’en 2010 ces taux affichent une tendance à la baisse pour reprendre en 2011 la tendance haussière.

  • Nombre total de jours5 de travail perdus  passe de 8,5 jours en 2001 à 9,3 en 2011 dont 7,7 jours pour des raisons médicales ou d’incapacité et 1,6 jours pour des raisons personnelles
  • Un peu plus de 900 000 canadiens se sont absenté du travail au moins pour une partie de la semaine (8 % des travailleurs à temps plein)
  • Le coût estimé6 des absences devrait se situer proche de 1,5 milliards de dollars
  • L’explosion de l’absentéisme dans le secteur public et celui de la santé
  • Le facteur démographique a une grande influence sur le profil d’absentéisme d’un groupe. Ainsi, jeunes de moins de 20 ans s’absentent en moyenne 5 jours par année et les 55-65 ans 11 jours
  • Le secteur d’activité et la taille de l’entreprise sont aussi des facteurs déterminants à considérer

Baromètre 2011 de l’absentéisme canadien en quelques chiffres :

Causé par des raisons médicales seulement

  • Nombre de jours perdus par travailleur : 7,7 (Québec 9,3 jours)
  • Taux d’inactivité : 3,1% (Québec 3,7%)
  • Fréquence : 5,9% (Québec 6,5%)
  • Temps moyen d’absence de longue durée : 11 semaines
  • Les coûts estimés : 10 000 $ par épisode d’absence de longue durée, sans compter les primes et les prestations en assurance

Au Québec, le taux d’absentéisme est supérieur au celui canadien 

Comme le tableau 1 l’illustre, la tendance au Canada et Québec après une tendance baissière depuis quelques années, en 2011 on voit les taux d’absentéismes augmenter de 4 % au Canada et de 4,5% au Québec. Intéressant à remarquer c’est qu’au Québec le taux d’absentéisme est plus élevé par rapport à l’ensemble canadien mais l’écart semble se rétrécir les dernières années.

Tableau 1

 

Le taux d’absentéisme augmente avec la taille de l’entreprise 

Le nombre de jours perdus par les entreprises de 20 employés et moins est de 6. À titre de comparaison, dans le cas des entreprises qui comptent entre 100 et 500 employés, le nombre moyen de jours d’absence par employé s’élève à 9 (9,3 pour celles de plus de 500 employés).

Le taux d’absentéisme varie en fonction du sexe :

Le nombre de jours d’absence des femmes, comme celui des hommes augmente en 2011 également malgré une tendance à la baisse des derniers cinq ans.

  • l’écart entre les deux sexes continue d’augmenter  34% en 2000 et 47% en 2011; l’écart le plus important est présent dans les tranches d’âge 25 à 34 ans et 45 à 54 ans.
  • depuis l’an 2000 on observe une variation de + 8,5% chez les hommes et de +19% chez les femmes
  • le nombre moyen de jours d’absence en 2011 : 9,4 jours les femmes et 6,4 les hommes

Le taux d’absentéisme augmente avec l’âge

On observe une variation très importante de l’absentéisme avec l’âge, mais la variation pour chaque sexe est sensiblement différente d’une tranche d’age à l’autre, notamment de 20-24 ans à 25-34 ans et de 45-54 ans à 55-64 ans

Comme le montre le tableau 2,le taux d’absentéisme est le plus important pour les 45-64 ans

Tableau 2

L’absentéisme est nettement plus élevé dans le secteur public et dans le milieu syndical

En effet, le taux d’absentéisme du secteur public ne devrait pas être si élevé, car les facteurs de risque sont généralement moindres, les conditions de travail et le taux de satisfaction sont supposés être meilleurs. Ces différences s’expliquent principalement par la présence des conventions collectives, des avantages sociaux plus généreux (délai de carence plus court ou inexistant, congés de maladie généreux, durée et niveau des prestations supérieures), une présence plus importante des femmes qui ont un taux d’absentéisme plus élevé que les hommes.

  • En 2011, les travailleurs du secteur public ont perdu environ 11 jours de travail  comparativement à 6,7 jours pour le secteur privé. Depuis l’an 2000 le nombre de jours perdus par le secteur public a augmenté de 27% ( le secteur privé : 8 %)
  • la Fonction publique canadienne affiche une hausse importante au niveau des prestations d’invalidité de longue durée dues aux troubles mentaux représentent (2010-44% 2000-46%,1991-24%)
  • les travailleurs du milieu syndiqué ont perdu 11,3 jours en 2011 (comparativement à 5,9 jours pour ceux non-syndiqués)

L’absentéisme varie beaucoup selon l’industrie et la profession

Les secteurs d’activité qui affichent le nombre de jours d’absence le plus élevé par employé sont ceux de la santé  (13,7 jours) et de l’administration publique (10,7 jours). Au pôle opposé se situent les métiers de la construction, les professions d’affaires et de la gestion.

Tableau 3

Les coûts de l’absentéisme absorbé par  les PME et les organismes publics sont considérables

Afin de limiter les coûts occasionnés par les absences, toute organisation devrait mettre en place une politique de gestion des absences basée essentiellement sur :

  • l’analyse des absences (nature, fréquence, cause, analyse de la distribution démographique et occupationnelle, etc.)
  • mesurer les coûts des absences
  • implémenter des mesures de prévention et de contrôle
  • suivi de l’évolution et des tendances
  • mesurer l’impact des mesures

Par : Marius Balan, B.Sc. Actuariat, CRM
Et David Guede,Analyste
GIRACO Groupe Solutions
Assurances collectives · Actuariat · Gestion des risques
Conseiller, Assurances collectives & Gestion des risques, CRM
AMF, CSF, Risk and Insurance Management Society

1 le pourcentage des travailleurs qui se sont absentés une partie de la semaine ou une semaine complète
2 taux d’inactivité multiplié par le nombre estimatif de jours ouvrables dans l’année (250).
3 le pourcentage d’heures perdues par rapport au nombre total d’heures hebdomadaires
4 Avril 2006 PERSPECTIVE- Statistique Canada — no 75-001-XIF au catalogue
5 Nombre total de jours perdus pour des raisons médicales et personnelles confondues
6 Giraco Groupe Solutions